Témoignage : le jour où j’ai quitté mon mec pervers narcissique.

Un témoignage de plus afin de dénoncer ces personnes néfastes, destructrices. Pour informer aussi, trop peu connaissent ce phénomène et pourtant, ils sont partout autour de nous.

Bonne lecture .

 

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« Il y a un an et demi, j’ai eu un grave accident de voiture. Une personne de mon entourage est morte sous mes yeux. Je n’ai pas pu la sauver. Cet événement m’a traumatisée. Je suis plutôt une fille positive et joyeuse, j’ai mon caractère, je me remets assez bien des coups durs de la vie. Mais cette fois-ci, une rencontre est venue compliquer le processus.

 

J’avais du mal à remonter la pente. Et j’ai rencontré ce mec, dans mon boulot, on avait des connaissances communes. Tout de suite, je me suis sentie très en confiance. Je l’ai fait entrer dans ma vie sans hésiter. Je me disais qu’il tombait pile au bon moment, qu’il était tout ce qu’il me fallait avec ce que j’avais vécu. Les premières semaines ont été parfaites. On apprenait à se découvrir, je lui présentais mes amis, il m’aidait à aller mieux. Du moins, j’en avais l’impression…

 

“TA JUPE EST PROVOCANTE, CHANGE-TOI.”

Mais au fur et à mesure des semaines, il est, de manière très subtile, entré dans ma vie privée, plus que je ne l’y avait invité. Il a commencé par me faire des remarques étranges sur mon comportement. Par exemple, une fois, on était avec des amis dans un bar, je me retourne et regarde sans le voir un homme assis à la table d’à côté.  J’ai eu le droit à un scandale : ce n’était pas normal que je regarde un autre homme, ça voulait dire que j’avais envie d’aller voir ailleurs… Le drame.

 

J’ai voulu le rassurer. Il avait vécu lui aussi des choses compliquées. Je me suis dit que c’était passager. Puis il a commencé à me faire des remarques sur mes tenues. “Cette jupe est trop provocante, change-toi”, quand je portais un jean et des baskets il me reprochait au contraire de ne pas “m’habiller en vraie nana”.

 

Au bout de quelques mois, les gens ont commencé à s’inquiéter. Je voyais les signaux, je comprenais que quelque chose n’était pas normal dans son comportement. Mais je refusais de croire que c’était rédhibitoire pour notre histoire. Je commençais à me dire que c’était moi qui avait fait quelque chose de mal quand il me faisait une crise. J’excusais tous ses comportements à cause des traumatismes de sa vie. Mais les gens autour de moi se sont inquiétés. “Ce n’est pas normal, il te transforme, on te reconnaît pas Estelle.”

 

UNE VIOLENCE MORALE ET VICIEUSE

J’ai commencé à perdre ma joie de vivre sous ses crises de jalousie démesurées. Il était violent verbalement, il m’insultait, me disait que j’étais folle. Une amie qui avait eu un mec pervers narcissique quelques temps auparavant m’a avertie : “Fais attention, Estelle.”  J’ai commencé à m’interroger. Sur cette violence vicieuse, jamais physique. Comme si la violence physique était trop “facile”, parce qu’elle alerte beaucoup plus vite que la violence morale.

 

Et ça a empiré. Quand on rentrait d’une soirée, et que je n’avais pas dit ce qu’il aurait voulu ou pas témoigné de geste d’affection à son égard de toute la soirée, je me prenais des : “Tu es vicieuse, dangereuse, je suis le seul à voir qui tu es vraiment, je vois clair dans ton jeu”. Il finissait parfois par me faire croire que j’étais malsaine. Il allait très loin. Et quand je craquais, je lui disais “stop, on arrête tout, je n’en peux plus”, il se retournait, se posait en enfant, il me suppliait, s’excusait, se faisait passer pour la victime. Les pervers narcissiques savent susciter des sentiments extrêmes et manipuler les gens autour d’eux.

 

J’étais addict à lui. Pour “accepter” autant de violence, la relation se doit d’être fusionnelle, passionnelle. Exactement ce que je vivais avec lui. Je me disais que j’allais réussir à le sauver de cette jalousie extrême, moi qui n’avais pas pu sauver mon ami mort quelques temps plus tôt sous mes yeux. Mais ça ne marche pas comme ça.

 

Je ne l’ai compris qu’un peu plus tard. Il était en déplacement professionnel à l’étranger et je me trouvais pour le week-end dans la même ville. Il a voulu me voir, mais je venais de vivre un échec professionnel et j’avais besoin de temps seule. Il n’a pas compris, c’est parti dans les tours en deux secondes. Comme d’habitude, il m’a d’abord raccroché au nez avant de m’assassiner de textos dans la foulée.

 

LE JOUR OÙ J’AI DIT STOP

“Tu es néfaste à ma vie, tu finiras plus bas que terre, tu échoueras dans ta vie pro, tu finiras caissière”… Je n’ai pas répondu. Je me suis dit que c’était la fois de trop. Je l’ai supprimé de tous les réseaux. Je me suis éloignée des amis qu’il continuait de fréquenter pour me protéger.

 

Et puis j’ai vu ce film, Mon Roi dans lequel Vincent Cassel joue le rôle d’un pervers narcissique. Ça peut paraître un peu cliché, mais ce film m’a permis de comprendre ce que je venais de vivre. Depuis le début de notre relation, je me demandais : pourquoi il est comme ça, comment je peux l’aider ? Mais grâce à mon entourage, je me suis rendue compte que je me posais les mauvaises questions. La vrai question était : “Pourquoi je suis allée chercher quelqu’un comme ça ?”

 

Et je me suis plongée dans des livres de psycho sur le sujet. J’ai regardé des conférences, écouter des émissions sur les pervers narcissiques. J’ai lu aussi beaucoup de choses sur les victimes de pervers narcissiques.

 

Pourquoi moi ? Je pensais que seules les filles naïves et “faibles” tombaient dans le piège. Mais les filles qui ont du caractère, qui ne sont pas faciles à faire flancher représentent des “défis” pour les pervers narcissiques. Je venais de vivre un drame dans ma vie, j’étais dans un moment de faiblesse, j’allais mal et je suis allée vers quelqu’un de torturé aussi. J’ai découvert aussi que j’avais une peur panique de l’abandon. Mon schéma familial est banal, pas malheureux. Mais je n’ai jamais entendu qu’on m’aimait ou qu’on était fier de moi. Il m’a manqué les clefs de la confiance en moi. Pour une fois, avec lui, j’avais l’impression de pouvoir exister, d’être utile à quelqu’un. Mais ce n’est qu’un leurre.

 

J’ai perdu l’innocence de la rencontre amoureuse. Il a brisé quelque chose. Mais j’ai eu la chance que ça ne dure que quelques mois. Il ne m’a pas volé ma vie. Aujourd’hui je suis guérie. Je ne vais plus vers des mecs qui me torturent, et je sais profiter d’une histoire simple et saine. Je suis avec quelqu’un avec qui je prends mon temps. Quelqu’un qui me respecte. Je me suis finalement pardonnée à moi-même de m’être fait avoir. Et j’en ressors plus forte. »

 

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